Ep 19 - L'Isolement

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On approche grandement de la fin de la liste des techniques, les derniers outils de la boite.

On est donc parmi les techniques les plus nocives, celles qu'on peut considérer comme des délires extrêmes.

On l'a vu avec l'épisode précédent sur la sidération qui est quand même extrême à vivre.

On va pourtant parler d'une technique aujourd'hui qui est beaucoup moins spectaculaire.

Elle reste, pourtant, une des techniques les plus dangereuse, à mon sens, parce qu'elle fait partie des plus insidieuses.

Et parce qu'elle est insidieuse, on a beaucoup de mal à la voir apparaître, et à l'arrêter, une fois qu'elle est ancrée dans le quotidien.

C'est la technique de l'isolement, je l'ai dit au début comme dans tout les épisodes ! Ouais, je rate toujours cet effet de surprise !

L'isolement en manipulation fait parti de ces techniques qui ne sont pas de vrais techniques, mais un ensemble de techniques ayant pour but, ici, d'isoler la victime de ses proches.

Elle sert à rompre un à un tout les liens relationnels qu'elle peut avoir pour que le manipulateur prenne le contrôle complet sur son environnement social en le réduisant à rien ou presque rien.

Il y a différentes étapes qui amènent à ce que la victime délaisse d'elle-même ses proches, ou se brouille avec eux malgré elle.

Les précédentes techniques sont toujours présentes pour appuyer la stratégie d'éloignement.

Avec un peu d'attraction du semblable, on peut avoir des phrases du genre « on est si bien tout les 2, les autres ne nous comprennent pas », « on vit un truc exceptionnel, ils pourraient tout gâcher » « ya que moi qui peut te comprendre », etc... Ce genre de conneries.

Il y a aussi de la culpabilisation avec le chantage affectif, ou le chantage tout court avec un moyen de pression.

Dans les couples, ça peut être les gosses pour inciter la victime à rester avec son bourreau. Tout ceci est très classique!

Plus dangereux et plus retord, il y a la calomnie.

Le manipulateur peut interpréter les actions de la famille ou des amis de sa victime comme des preuves qu'ils ne la respecte pas.

Il déforme les propos et les actes pour qu'ils aient l'air d'être mal intentionné.

Avec un subtil mélange de décrédibilisation et de dévalorisation des autres, et un soupçon de délire de persécution, pas trop, juste ce qu'il faut, le doute peux naitre chez la victime.

Et alors, petit à petit, l'éloignement s'impose sans de réels efforts de la part du manipulateur puis-ce que c'est la victime qui fait tout le boulot.

En plus de cette stratégie de déformation de la réalité, Il peut y avoir la même stratégie mais pas utilisée contre les proches de la victime.

Cette fois utilisé contre la victime elle-même !

Si le manipulateur est très vicieux, il peut faire passer sa victime pour quelqu'un de faible ou de dérangée, voir pire, auprès des proches de sa victime.

Moi, j''appel ça le sabotage social.

Tout ça va se faire dans le dos, bien sûr, de la victime, et toujours "avec les meilleurs intentions du monde".

Le manipulateur va se faire passer pour un sauveur dévoué qui s'oublie au profit de cette personne qui va mal mais qui ne veut pas qu'on le sache !

Ça donne au bourreau une image héroïque qui rassure ces gens qui ne veulent que du bien pour la victime, ils veulent qu'elle aille mieux.

Il va donc tenir un double discours, parfois sur des sujets intimes et gênants, qui vont inciter les gens à ne pas trop poser de questions de peur d'être intrusifs.

Sinon, le manipulateurs peux expressément demander à ce que personne ne parle de ça parce que sa victime est très susceptible sur le sujet, ou qu'elle à de l'orgueil, c'est lui qui doit arranger les bidons après, voila, pauvre tichou !

Donc une forme de condescendance polie s'installe entre la victime et sa famille et ses proches, plombant l'ambiance et donnant du crédit à la théorie des 2 points de vu :

Les proches trouvent que ce comportement est dû à un pseudo mal de vivre ce qui donne toujours plus de crédit au manipulateur, et la victime voit le comportement de ses proches changer à son égard, et peux plus facilement adhérer à l'idée qu'a installé le manipulateur.

En général, quand le bourreau arrive à faire croire ça aux proches de la victime, c'est qu'il a déjà réussi à le faire croire à ses proches à lui.

Il s'est déjà entrainé et fabriqué un narratif autour du comportement malsain de sa victime et de son courage à lui à rester avec elle pour l'aider.

Mais dans le cas ou il ne peut pas avoir ce contrôle sur l'environnement social du coté de sa victime, il peut alors assumer d'être l'élément perturbateur et se brouiller personnellement avec une ou plusieurs de ces personnes.

Il peut stratégiser pour cibler la personne la plus centrale de ce groupe afin de provoquer une scission dans le groupe.

Tout ceci est souvent très théâtrale, avec de l'honneur bafoué et ce genre d'expressions à la con.

Ça incite le groupe à faire bloc, et ça incite la victime à devoir faire un choix.

Si l'emprise est bien installée, la victime va choisir son bourreau, mais tentera de rabibocher les gens.

Quelques personnes du groupe peuvent aussi, par sympathie, tenter de faire le lien.

Mais en faisant ça, elles s'exposent à devoir, à un moment ou à un autre, se confronter au manipulateur.

Il devient le centre de toutes les attentions, même quand il n'est plus là.

Et cette mécanique de sauvetage ne tient jamais dans le temps parce que la menace du bourreau qui rode peut décourager même les personnes les plus déterminées.

Et au pire, si une personne s'accroche encore, le bourreau trouvera un moyen d'action pour l'éloigner, un faux pretexte de problème dans le problème qui était dans le problème, bref du détournement d'attention pour justifier sa vindicte.

Quitte à forcer le face à face pour provoquer la résistante et l'intimider.

De toute façon, vu sa stratégie, ça ne sert à rien de vouloir démêler la mésentente, son objectif est de rester contrarié.

Le conflit, pour lui, n'est pas un problème, mais une solution.

Il faut comprendre que le manipulateur, quand il n'a plus d'autre choix, et souvent face aux gens qui peuvent voir dans son jeu, provoque la grogne pour justifier son retrait.

Et dans un second temps, pour forcer la main de sa victime, va lui reprocher de ne pas être de son parti et, donc, de comploter contre lui.

Un peu de culpabilisation et de victimisation et on entre dans cette bonne vielle lecture binaire de la vie, si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi.

La victime ne voit donc plus, ou presque plus ses proches, et ceux qu'elle voit, elle ne peut pas les voir seule.

Ben oui, parce que le manipulateur risque trop que la situation lui échappe et que les non-dits qu'il a entretenus soient révélés.

Donc la victime se retrouve isolée de ses proches de son coté à elle, mais du coté des proches de son manipulateur, ben elle ne les voit plus non plus.

Comme il à pourri sa réputation, ils ont tous commencé a décliner les invitations de plus en plus.

Par contre, lui peut continuer à aller voir ses potes ou sa famille tranquilou, hein. Mais de moins en moins avec sa victime.

"Ben ouais, parce que, tu comprends, c'est compliqué quand t'es là, tout ça"

Mais, parmi toutes ces techniques que je liste aujourd'hui, il y en a une qui est ma chouchoute.

Attention, je tient à préciser qu'elle est horrible et que c'est mal de l'utiliser sur quelqu'un hein!

Elle est parfaitement machiavélique, mais c'est ce machiavélisme qui est presque beau, enfin beau... fascinant!

C'est la technique du jugement de valeur.

Dans sa simplicité d'application et d'efficacité, je la trouve tellement pure.

Il faut absolument la combattre, et c'est dur, mais ça reste un ennemi à respecter car il ne faut surtout pas le négliger!

Elle s'utilise après la calomnie, quand la victime commence peut-être a douter de ses proches.

Le manipulateur va alors amener des idées, subtilement, en parlant d'une personne à la foi, un indice après l'autre, qui tournent autours des valeurs des personnes.

Il va doucement faire l'inventaire des différences entre chacune de ces personne de la famille ou du cercle d'ami de la victime.

Ces différences seront interprétées comme des différences de valeurs de vie.

Ces valeurs, nous en avons tous, et on ne partage pas tous les mêmes, mais le manipulateur sait ce qu'il peut obtenir en disant ça.

Sa victime va se laisser séduire par cette idée de ne rester entourée que par des personnes qui partagent les mêmes valeurs.

Le manipulateur, lui, à déjà surement commencé un travail de sape sur sa victime, donc les valeurs gênantes que sa victime avait ont déjà été remplacées, mais avec l'accord de la victime, avec son consentement.

D'ailleurs, petit aparte, quand le manipulateur voit qu'il a du contrôle sur quelqu'un, il parle de mauvais comportements, alors que quand il voit qu'il ne peut pas influencer cette personne, il va dire qu'elle n'a pas les mêmes valeurs que lui, ou pas les bonnes valeurs.

Alors qu'en réalité, les valeurs et les comportements, du point de vu du manipulateur, ce sont les mêmes choses.

Aparte terminé.

Donc la victime, tel un nouveau riche qui adore afficher ses bijoux trop clinquants et ses bagnoles de kéké, va afficher ses nouvelles valeurs de vie et va devenir le porte drapeau de cette nouvelle philosophie de vie qu'elle à l'impression de partager en symbiose avec son manipulateur. 

Pour ce qui est du consentement, vous vous en doutez, il est forcé depuis longtemps.

Comme on peut l'imaginer avec la technique du jugement de valeur, il y a tout une structure à la base de cette technique.

Cette structure est faite de beaucoup des précédentes techniques qui servent d'assise, ou de travail préparatoire au lavage de cerveau que subit la victime.

Oui, lavage de cerveau, on peut dire ça !

Il y a donc eu plusieurs forçages et abus du consentement en amont pour installer les graines de l'isolement.

Et toujours pour cette peur qui motive le manipulateur, vous vous doutez que c'est la peur de perdre le contrôle.

Ben oui, on la connait bien maintenant.

Pour la sidération, je n'en avais pas parlé mais c'est aussi cette peur là, à mon sens qui se trouve à la base, mais il n'y a pas que ça.

Il faut dire que quand on en vient à jouer avec la vérité à ce point, que l'on prend du plaisir à soustraire le libre arbitre d'une personne, ou que l'on se fait le médiateur entre 2 camps alors qu'on les à monté les uns contre les autres, il y a plus que cette simple peur de la perte de contrôle.

Il y a quelque chose de plus fort qui motive et qui pousse à aller plus loin.

Quelque chose de fondamentalement malsain socialement et qui semble toucher à la pathologie.

Maintenant, n'allez pas croire que, parce qu'on vous à dit que vos amis ou votre famille sont un peu étrange ou ne vous respecte pas assez, les gens qui vous disent ça sont des sociopathes tapis dans l'ombre, préts à vous saisir à la jugulaire.

Non, rassurez-vous, peut-être que, simplement, votre famille ne vous respecte pas !

Non, plus sérieusement, oui, on fait tous des reproches, on souhaite aussi le meilleur pour nos proches donc des suspicions de malveillance et des critiques, ben y'en a.

Et c'est justement parce qu'il y en a que les manipulateurs intentionnels sont plus difficile à détecter.

La liste des techniques devrait vous aider à voir venir, maintenant les manipulateurs.

Si vous avez peur que quelqu'un s'immisce dans votre vie pour essayer de vous isoler, rappelez-vous donc que cette technique n'arrive jamais toute seule. Souvenez-vous de la base!

Donc guettez les signes des autres techniques pour commencer à vous protéger.

Et je voulais revenir sur quelque chose, parce que dans les jugements de valeur, il y a une contradiction que la victime ne voit pas.

Ce qui peut séduire la victime, c'est cette idée d'avoir un environnement social qui partage ses valeurs.

Surement parce qu'elle à eu le cerveau lavé par des idées qui ne sont pas les siennes à la base, mais auxquels elle adhère par son attachement à son bourreau.

Elle a accepté d'endurer certaines choses pour vivre pleinement ce qui lui a été promis.

Donc la confrontation n'est pas la bonne solution.

Et parfois, la dissonance cognitive est tellement ancrée que même en amenant des preuves de la malfaisance de son bourreau, elle tentera de le défendre.

Parce que le délire, plus il est extreme, et plus il impact aussi les gens autour de la victime.

Et elle peut même se faire la complice involontaire de son propre isolement total.

Les valeurs, c'est de la merde !

Enfin, non, pardon ! Je tiens à moduler mon propos.

Des valeurs, on en a tous. Ça je le confirme. Mais quelqu'un qui parle de valeur sans préciser lesquelles, ça pue !

Parce que la notion de valeur, présenté globalement, comme ça, c'est flou ! Et c'est dans le détail que le diable se révèle.

Parce que, par exemple, dire que l'on respect son prochain, mais jusqu'à un certain point, ça donne des précisions, mais en même temps ça manque de précision !

Tout se joue dans le « jusqu'a un certain point ». c'est tellement interprétable.

Chacun peut y voir ce qu'il a envie de projeter sur la personne qui le dit.

Et c'est pour ça que, pour moi, les discours sur les valeurs, ça pu la merde quand il n'y a pas de précisions.

Et d'autres mots qui ont le même pouvoir de brouiller la vue avec son manque de détail, il y en à pleins en français. Voila, je vous en donne quelques uns : l'Indépendance, l'autonomie ou liberté peuvent avoir cet effet.

D'ailleurs, depuis quelques temps, je trouve que le mot bienveillance aussi commence à puer. C'est pour ça que vous l'avez très peu entendu dans ce podcast.

Et chaque fois que j'entend, maintenant, ce genre de mots, tout de suite, je reste en alerte.

Parce que ces mots ne me rassurent plus.

Au lieu de me donner des réponses, aujourd'hui, ils ne font que m'amener à toujours plus de questions.

Mais avant de vous quitter, il me reste encore une chose à vous demander.

A partir de combien de grains de riz réunis on obtient un TAS de grains de riz?

Alors ça paraît bête comme question, hein?

Mais, en réalité, c'est quoi le chiffre exacte qui détermine qu'avec un en moins, on n'a pas un tas de grain de riz, et qu'avec un en plus, ben ça y' est, on à un tas de grains de riz ?

Non, parce qu'en fait, pour l'entourage de la victime, et ben c'est pareil, mais dans l'autre sens.

A partir de combien d'amis qui se sont éloignés on n'a plus « un tas d'amis » ?

A quel moment, on se retrouve délaissé dans son environnement social.

Et surtout, à quel moment on se rend vraiment compte que son univers social s'est dégradé ?

C'est au bout de combien de proches éloignés qu'on se rend vraiment compte qu'il faut tirer la sonnette d'alarme ?

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Julius F. Kali
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