Ep 12 - La Dévalorisation

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La dévalorisation est la suite logique et inévitable de la toxicité, après la culpabilisation que nous avons traité dans l'épisode précédent.

Ben oui ! Après avoir foutu toute la responsabilité de ce qui ne va pas sur le dos de la victime, on le justifie et on s'acharne en lui disant qu'elle ne vaut rien ! Ou plutôt qu'elle vaut cet acharnement, que c'est mérité !

Mais c'est assez compliqué de résumer la dévalorisation car c'est un outil qui prend plusieurs formes.

Cela peut passer par des petites remarques sarcastiques a répétition et toujours dans le même sens, des reproches, des insultes, dire que ce sera impossible de s'améliorer, des attitudes méprisantes, etc... et tout ceci aussi bien en face à face que dans le dos, ou même en disant tout ça mais à une autre personne, mais sous le nez de la victime. C'est encore plus méprisant !

Si le travail de sape du manipulateur à commencé à prendre, comme pour la culpabilisation, la personne dévaluée va bugger et croire, même pendant un instant, qu'elle est possiblement nulle, et que ces attaques et ces critiques sont peut-être méritées.

Je le rappel ici, mais plus on assaille de critique et de reproche quelqu'un, et moins cette personne a le temps de réagir sainement.

Pour chaque attaque, il y a un temps nécessaire afin d'analyser cette attaque et jauger de sa légitimité, mais plus les attaques sont rapprochées, et moins on peut faire ce travail et s'extraire sereinement de ces assauts répétés.

A mesure que l'on avance dans les techniques, elles ont de moins en moins de chance de vous être balancées à la tronche par un inconnu rencontré ya 5 minutes.

Non, plus on avance, et plus les techniques touchent à l'intime.

Cette technique particulièrement peut plus facilement se voir dans la famille ou dans le couple, et plus rarement, mais ça peut arriver, chez les amis ou au travail.

Les manipulateurs dans ces cas là, dévalorisent pour se valoriser eux même, mais sans le dire.

Ils font comprendre implicitement que si vous êtes comme si ou comme ça, ben c'est justement pour suggérer l'idée que eux, ne le sont pas.

Et que ce soit vrai ou non, justifié ou non, ici, c'est toujours de la communication sur leur personne, mais par comparaison et de façon détournées.

En fait, on retrouve le principe qu'on avait vu dans la décrédibilisation, mais à un niveau plus intense et plus violent.

Le but est de tordre toutes explications possibles en vous décrédibilisant. Mais au-delà de décrédibiliser par les outils habituelles du débat, on attaque ici sur le physique, la morale, les habitudes, et on rapporte toujours tout à la personnalité de la victime.

C'est parce qu'elle est comme elle est que tout part à vaux l'eau, ma bonne dame.

Tout ce qu'elle fait ne fait qu'alimenter ce qu'on lui reproche parce qu'on fait des liens de tout avec tout pour pouvoir le justifier, je vous invite à réécouter, au besoin, les épisodes sur la justification et le détournement d'attention, car tout commence sérieusement à se lié, on le voit depuis quelques épisodes.

Donc on juge et on condamne la victime, on la maltraite en la dévaluant, et on peut aussi lui voler la possibilité de se justifier.

Bon c'est sûr que ne pas écouter sa victime se plaindre, c'est beaucoup plus agréable et simple pour le manipulateur, mais si on a habitué la victime à se justifier et qu'elle à pris le pli, et bien lui retirer ça peut servir à voir l'étendu de sa soumission.

Un peut comme un test, on l'avait vu aussi dans l'épisode précédent.

Soit elle accepte et elle subit en silence, ce qui est un fort signe de docilité envers le manipulateur, soit elle insiste pour se justifier, ce qui est une allégeance à la justification, et toujours une opportunité pour le bourreau de râler et de se plaindre de cette insubordination.

Donc toujours plus d'opportunités de s'acharner. Je l'avais déjà dit mais j'insiste, on sait toujours faire feu de tout bois quand on est manipulateur !

On peut même tenter ici d'aborder ici la logique de la prophétie auto-réalisatrice.

En effet, à force de maintenir cette pression sur la victime, les manipulateurs peuvent en venir à anticiper, et voir à s'amuser avec les échecs futurs.

S'amuser, mais jamais avec la victime, toujours contre elle, vous l'avez compris.

Ils prédisent que ceci ou cela va échouer. Et en le disant, ils accentuent le risque que ça arrive.

La prophétie auto-réalisatrice, c'est d'anticiper en disant que ça va merder, faire focaliser l'attention sur la victime pour faire monter la pression et la déstabiliser, et quand ça merde, ben on dit qu'on le savait depuis le début !

Quelques reproches ou remarques assénées immédiatement après une erreur ou un impair cristallisent dans la tête de la victime son incompétence prétendue.

Ça donne l'illusion de 2 choses : soit que c'était prévu, comme inscrit dans le continuum espace/temps, et peux alimenter l'idée que les manipulateurs sont des mystiques qui lisent dans l'avenir, mais de façon moins paranormal, ça peut donner aussi au manipulateur une certaine aura de mentaliste, de fin psychologue, en tout cas une illusion qui le met sur un piédestal, et on sait qu'ils en raffolent.

Alors qu'en réalité, la victime a surement réussis des trucs, mais ces réussites du quotidien ont été passées à la trape parce que tout le focus n'était axé que sur ce qui devait foirer.

Et comme on dévalue tout, ben on peut dévaluer les réussites, aussi. Dire que c'est la moindre des choses de ne pas tout faire foirer, etc...

En gros, c'est comme de dire : Bientôt, il va pleuvoir !

C'est sûr que si on attend suffisamment longtemps, ben on a forcément raison à un moment.

En faisant ça, les manipulateurs favorisent les conditions pour provoquer une situation d'échec.

Cet aspect de la technique peut se rapprochée en quelques sortes du syndrome de Cassandre dont nous parlerons un autre jour, mais cela favorise aussi cette faculté du manipulateur à prendre le rôle de juge.

Tout ce filtre de ce qui est réussi ou raté, de ce qui va se passer comme il l'a prédit, c'est toujours ce rôle de juge qui prend possession des évènements pour tout ramener à lui, d'une façon ou d'une autre, afin de distribuer ses acquittements et ses condamnations.

Comme l'attention à été axé sur le négatif plutôt que le positif, on peut voir un lien avec le détournement d'attention aussi, mais avec, en plus, tout les bénéfices du travail de sape de la culpabilisation.

Les techniques qui sont regroupées dans cette catégorie de la toxicité ont cette particularité d'avoir des bénéfices qui convergent et qui se renforcent les uns les autres.

Ces techniques rendent compte de l'emprise que peuvent avoir certaines personnes dans votre vie.

Mais il ne faut pas se le cacher, elles peuvent aussi rendre compte de certaines faiblesses dans votre mécanisme de défense.

Si vous subissez cette technique de la part de quelqu'un, c'est que vous n'avez surement pas vu que cette personne abusait déjà de votre consentement sur une des techniques précédente.

Il faut savoir le reconnaître et ne pas se dévaloriser soi-même dans ces situations là, car ça alimente encore plus l'impact de la dévalorisation que vous subissez de l'extérieur.

Et il n'y a pas de raison de faciliter le travail de votre bourreau.

La première des forces, c'est de reconnaître ses faiblesses, et c'est justement ce que ne font jamais les manipulateurs.

La dévalorisation fonctionne un peu sur les mêmes éléments que la culpabilisation, mais il y a en plus ce besoin de rabaisser l'autre, de l'humilier intentionnellement et publiquement.

La mécanique utilisée ici révèle encore le besoin des manipulateurs à s'ériger au dessus des autres pour avoir le sentiment d'exister.

Ils ont besoin que leur entourage valorise ce qu'ils font ou disent, quitte a fabriquer, voir prophétiser le manque de valeur des autres pour se faire valoir plus que les autres.

Il est fort probable que ce besoin de se surévaluer vienne d'un manque de confiance en soi ou de compétence.

Pour qu'ils se vautrent à ce point dans la dévaluation des qualités des personnes qui les entourent, ya fort à parier que leur prisme des valeurs à été biaisé dés le début.

Personne ayant appris à respecter les gens et à les encourager dans les difficultés ne grandit en se disant qu'il vaut mieux changer ça et mépriser pour se survaloriser !

Ils ont forcément été dévalués, ou se sont senti dévalués, pour en avoir fait leur grille de lecture des comportements humains.

Ils l'ont développé depuis l'enfance ou l'adolescence, avec les parents, ou les frères et sœurs, ou a l'école. Et, étant mal à l'aise, ils ont appris à se défendre de ça en attaquant, en reproduisant les attaques qu'ils ont subit.

Leur ego à été blessé en pleine construction, comme un édifice qui doit s'ériger malgré les attaques qui le mettent en ruine.

Au lieu de finir fort et droit, il s'érige, mais en beaucoup plus de temps, de façon instable et chaotique.

Et pour toutes les brimades et insultes subits, ils se remboursent leur égo meurtri, en quelque sorte, en attaquant l'égo des autres.

Les complexes de supériorité sont toujours basés sur des complexes d'infériorité.

Et leur estime d'eux même finit par se baser sur le mépris de tout les autres, et la destruction de leur fort intérieur.

On dit alors que c'est un besoin de se re-narciciser.

Tout le monde a besoin d'un peut de narcissisme, c'est tout a fait normale.

Eux le font en méprisant les autres et pas en s'occupant d'eux-même pour se sentir valorisé par des réussites personnelles.

On peut les comparer à des vampires sociaux, qui s'abreuvent de la destruction de l'égo des autres pour se sentir plus fort.

En générale, quand cette technique apparaît, le consentement à déjà été forcé en amont, nous l'avons vu dans l'épisode précédent.

La peur du manipulateur ici n'est pas seulement une peur de la perte de contrôle.

Il y a, en plus, une peur de ne pas être à la hauteur de ses ambitions.

Et pour remédier à cette dissonance cognitive, il va souhaiter tirer tout le monde vers le bas.

Car si une personne est meilleur que lui sur un point particulier qui le blesse, alors il va avoir peur que les gens voient qu'il est une fraude, que l'autre personne est meilleur, qu'elle est plus quelque chose qu'il n'est pas, qu'elle est plus meilleur, en fait !

Comme un enfant qui voit les choses en noir et blanc. Il va avoir peur d'être comparé a cet idéal qu'il fantasme.

C'est pour ça qu'il compare beaucoup quand il dévalorise, ça lui sert à justifier cet idéal. Il rejette la faute parce qu'il a peur que quelqu'un voit cette peur en lui.

Il ne comprend pas comment ça peut être possible de ne pas se comparer.

C'est impossible qu'il le comprenne, c'est inscrit en lui. Et c'est ça qui le pousse à appuyer sur les têtes des autres, a bomber le torse, à avoir besoin de se faire voir sous son plus bel aspect, même si c'est mensonger, et à critiquer les autres.

Ne cherchez surtout pas à vous occuper de ces personnes. C'est une sorte de maladie psychique, une déformation de l'image d'eux-même que vous ne pourrez jamais réparer sans y laisser votre santé mentale, et parfois plus !

S'il y a quelque chose à faire, c'est à eux de le faire, pas à vous !

Il n'y a pas de territoire de négociation possible si la personne ne vous traite pas comme son égal.

La seule exception serait si vous êtes son parent et que vous voulez essayer de corriger une éducation qui à dévié à un moment.

Il se peut qu'il vous écoute, et encore, même ça, c'est très aléatoire.

La seule brèche possible, c'est de faire baisser ce niveau d'exigence en trouvant le point qu'il ne veut pas laisser apparaître, cette faiblesse qu'il cache, et prendre beaucoup de temps pour lui faire comprendre qu'avec vous, exposer cette partie fragile en lui n'est pas une faiblesse.

Qu'il peut avoir confiance en vous pour ne pas lui faire mal a cet endroit précis.

C'est bien la seule faille possible pour entrouvrir le dialogue et ne serait-ce que commencer un travail sur lui-même, sachant qu'il peut se refermer à n'importe quel instant, et surtout qu'il ne faut pas faire ce travail seul !

Il faut vraiment faire ça avec un thérapeute, et il y a plus de chance de réussite si c'est la personne elle-même qui reconnaît qu'elle a besoin d'aide.

S'il faut forcer, alors ne forcez rien ! Prenez de la distance.

Et plus ces problèmes reviendront, et plus il faudra prendre de la distance.

Cette distance à prendre est à géométrie variable. On ne s'éloigne pas de la même manière si c'est un frère ou une sœur, un conjoint ou une conjointe, un parent, ou un ami, etc...

Mais je vous en conjure, n'essayez pas de guérir quelqu'un qui ne veut pas aller mieux.

C'est une course vers l'échec et la détresse pour toutes les personnes impliquées.

Et si vous subissez, dans votre couple, beaucoup de techniques que nous avons présenté, jusqu'à la dévalorisation, je vous conseil de fuir, j'en ai déjà parlé et je le maintient.

Et ne croyez pas ce que votre conjoint pourrait vous dire, que c'est de la faiblesse de partir, etc.

Bien sur, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. L'envie de partir n'apparait pas en un jour.

En relisant la BD de Sophie Lambda, « Tant pis pour l'amour », je me suis dis qu'il y avait peut être quelque chose qui pouvait aider à ce moment là, mais attention, j'insiste sur le fait que ce que je vais vous dire est très spécial !

Dans sa BD, l'autrice raconte sa relation avec un manipulateur et comment elle s'en est sorti, et, à un moment, elle parle de sa phase « méduse ».

La technique de la méduse, c'est devenir une personne amorphe et non réactive aux piques qui vous sont envoyées.

Il est vrai qu'une grande partie du plaisir malsain que prennent les manipulateurs, c'est dans la domination.

On parlait de vampire un peu plus tôt, on peut aussi comparer leur caractère a des chasseurs, des prédateurs sociaux.

Et un prédateur ne prend pas de plaisir si sa proie ne se débat plus.

Donc l'autrice explique qu'elle avait développé un état d'esprit du « tout ce qu'il me dit n'est pas important ».

Et ainsi, les insultes, les remarques, tout ce qui se voulait blessant ne faisait plus effet.

Elle avait fini par développer des petites routines de réponses préconstruites pour ne surtout pas lui donner tort.

Pas de sarcasme, pas de bon mot ni de traits d'esprit.

Que du factuel, parfois pas de réponse, parfois des réponses molles.

Des réponses qui ont donné à ce manipulateur le dégout de continuer de s'attaquer à sa victime.

Du coup, sa proie était devenue molle, comme une méduse.

Il s'en est détaché doucement, comme un prédateur relâcherai son étreinte par lassitude.

Je souhaite que cet exemple puisse vous aider, même si je pense que ce genre de conditionnement doit avoir des répercussions sur les autres aspects de la vie, pas juste sur la relation amoureuse qui se finit.

Et ça me permet de revenir sur ce que j'avais présenté dans un épisode précédent : Le conditionnement mental pour aller jusqu'a l'affrontement.

Et bien il peut aussi être celui-là.

Ce qu'il ne faut jamais perdre de vu c'est ce qu'on souhaite obtenir comme victoire.

Si dans votre couple, c'est votre liberté, alors ce moyen peut être envisagé, avec aussi une certaine idée des conséquences, bien-sûr !

Si par contre, votre idée est de faire fermer sa tronche à votre bourreau, et bien, selon moi, il y a des chances que vous vous battiez pour de mauvaises raisons.

Et que vous ne finissiez par vous transformer en prédateur aussi, en ce que vous combattez, pour atteindre ce que vous avez décidé de considérer comme votre victoire.

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Julius F. Kali
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