Ep 10 - Le Besoin de Contrôle
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Nous avons déjà vu parmi les épisodes précédents que le besoin de contrôle était fort chez les manipulateurs et, en filigrane, que plus il était fort, plus les personnes étaient manipulatrices.
Mais ce besoin de contrôle était souvent camouflé par des techniques perfides, comme s'ils n'assumaient pas d'afficher ce besoin de contrôle.
Et bien à force de se faire de plus en plus présent, il fini par enfin s'afficher au grand jour.
Le besoin de contrôler ce que les autres pensent ou disent est en quelques sortes le moteur du manipulateur, c'est ce qui le met en action.
Parmi toutes les techniques qui parlaient du contrôle, il y a un aspect que nous n'avons pas développé même s'il à été évoqué parfois, c'est de contrôler spécifiquement leur image.
Le manipulateur tend souvent à magnifier ses actions pour se donner plus de valeurs.
Il a besoin que l'on pense qu'il est important, ou fort, ou que sais-je, mais toujours plus que la moyenne, plus que les autres "je suis plus fort que toi!", voila.
Il a besoin de l'attention des gens, et besoin que ces gens pensent de lui qu'il représente la réussite, l'accomplissement, une certaine idée de l'idéal.
La médiocrité en générale, et votre médiocrité en particulier n'est pas à la hauteur de son rang, pense-t'il.
Et ça touche vraiment tout les domaines de l'expertise humaine, Il n'y a pas vraiment de domaine qui soit un lieu commun ou l'on retrouverait plus facilement des contrôlants qu'ailleurs.
Ils peuvent être fan de jeux vidéos, de cinéma, de grande philosophie, de mode ou de tueurs en série, ils vont se faire valoir systématiquement avec leur référentiel.
Il va sans dire que vos passions, vos pratiques à vous ne les intéresse pas, au fond, parce que peut-être qu'ils ne les pratiquent pas, mais même s'ils les pratique, ce seront toujours ses prouesses qu'il faudra reconnaître au final, pas les vôtres.
Ils vont vous laisser parler pour, au final, retourner la situation et l'attention, et du coup vous dire qu'ils ont joué à un jeu injouable que vous ne connaissez pas, un film d'un réalisateur que vous avez surement oublié, Ils ont lu tout les grands philosophes, peut être que vous n'avez pas lu autant qu'eux, ils ont pu assister à un défilé de mode ultra select alors que même des célébrités ont été recalées, ou encore qu'ils ont pu rencontrer et interviewer plus d'une centaines de tueurs en séries aux états unis en aidant le FBI dans leurs enquêtes. Hein, et vous, vous faites quoi dans votre vie?
Alors, je vais apporter ici une petite précision nécéssaire :
Les manipulateurs mentent ! Ya de grandes chances que ça arrive en tout cas.
J'ai longtemps pensé qu'il fallait peut-être en faire un épisode à part entière mais selon moi, le mensonge n'est jamais ou très rarement utilisé tout seul.
Les manipulateurs ne veulent jamais simplement vous faire croire des trucs. Votre crédulité n'est, la plupart du temps, qu'un premier pas vers autre chose.
C'est donc un trait vraiment commun et récurent, mais toujours dans le but d'obtenir plus.
Donc oui ! Il y a de très grandes chances qu'il y ait du mensonge dans leur discours. J'avais déjà amené l'idée dans d'autres épisodes mais je tenais à clarifier un peu plus tout ça ici !
Disons même, pour être encore plus précis, que la notion de réalité pour eux est à géométrie variable.
Et parfois, au-delà de se survaloriser en enjolivant leurs pseudo-faits d'armes, ils peuvent aussi dévaloriser les autres pour se donner plus d'importance.
Leur perception de la réalité devient malléable !
Les actes des autres seront tordus, modifiés et amoindri pour qu'ils puissent s'en servir de marche pied afin de s'élever au dessus de la plèbe et ressortir du lot.
« All eyes on me », Tout les yeux sur moi, comme le chantait Tupac Chakur, serait une expression qui résumerait bien l'état d'esprit du manipulateur dans ces moments là.
Votre admiration est la première chose qu'un manipulateur peut souhaiter obtenir par le mensonge. Son besoin est alors de briller et de sentir des regards d'admiration sur lui.
Quitte à voler les moments de gloire des autres ou à les mépriser, même ceux dont il cherche l'admiration.
On est ici dans une variation de ce que l'on a vu lors du précédent épisode, ou le déséquilibre est maintenu dans un seul sens.
Les rapports sont à sens unique et pas d'égal à égal. Ça permet d'entretenir cette ambiance un peu élitiste dans laquelle ils aiment se vautrer.
On peut même dire que le mensonge spécifiquement, est, par essence, voué à fabriquer ce déséquilibre a leur avantage.
Mais il peut aussi mentir pour obtenir, de façon direct ou indirect, votre pardon, votre pitié, ou votre argent, pourquoi pas, selon les besoins qui l'animent.
Le mensonge est un moyen de contrôle pour orienter la relation dans le sens du besoin du manipulateur.
Mais je mettrais aussi dans cette catégorie ce que j'appelle « des oeillères », qui empêchent de voir ce que l'on ne veut pas voir.
Typiquement, les racistes, les sexistes ou tout autres personne utilisant une méthodes de ségrégation utilisent des oeillères pour refuser de voir que leur comportement est abusif.
Dans les relations social, les oeillères peuvent servir pour nier la valeur de quelqu'un de la famille, du travail, des amis mais aussi pour nier toute une catégorie de personnes, ne sélectionner que ce qui peut appuyer des reproches et s'empêcher de voir ce qui pourrait mettre en doute la légitimité de ces reproches.
C'est une façon de contrôler l'argumentaire : ignorer ce qui dérange, nier la possibilité de se remettre en cause.
Et si vous insistez un peu, si feindre l'ignorance n'est plus jouable, alors le manipulateur peut utiliser la décrédibilisation et le détournement d'attention.
Ce n'est pas vraiment du mensonge à la base. Ce serait plus à rapprocher d'une forme de déni dont nous parlerons plus amplement dans un autre épisode.
Dans ces situations là, la discussion ne sert à rien. La personne ne changera pas d'opinion, elle sait déjà ce qu'elle veut penser au final.
Leur mode de penser n'est pas de dérouler une certaine logique en avançant pas à pas pour arriver à un résultat logique, mais d'envisager leur point d'arriver dés le départ et de tordre la logique pour qu'elle ne les empêchent pas de passer.
Si vous persistez à donner une version différente de leur perspective tronquée, vous finirez par subir à votre tour le mépris, l'ignorance, la décrédibilisation et le détournement d'attention.
Les oeillères sont utiles pour refuser de voir les évidences qui vont contre leurs conviction, et c'est alors que le besoin de contrôle apparaît.
Car il les pousse à trouver des arguments faux ou biaisés pour justifier leur point de vu indéboulonnable.
Sans arguments, ils ne seraient que des rageux qui cherchent un bouc émissaires pour se défouler.
Mais avec des arguments, ils transforment ce mépris en « point de vu » et ça leur donne l'illusion de contrôler la situation.
C'est à partir de ça qu'apparaissent les solutions a l'emporte pièce dont on avait déjà parlé.
Ces solutions expéditives qui se résument en très peu de mots, avec des y'a qu'a devant :
« ya qu'a les renvoyer chez eux ! »
« Ya qu'a construire un mur ! »
« y'avait qu'a pas porter de jupe ! » (oui, ils le font aussi au passé parce qu'ils adorent réécrire l'histoire)
« vous avez qu'a vous plaindre, vous les femmes ! »
« ya qu'a, à tous, leur couper les couilles ! »
... et oui, ya des abrutis dans tout les camps !
Ces petits mantras d'auto-persuasion pour dire qu'on est le seul à avoir raison et que tout les autres ont tort sont à la base des « oeillères » qui ancrent toujours plus le besoin de contrôle en balayant les problématiques trop complexes, trop ingérables pour eux.
Ça rentre pas dans leurs petites cases préconçues.
Comme si la solution était plus simple qu'elle n'y paraissait, que s'inquiéter était une perte de temps. Ben oui ! Selon eux, Y'a qu'a appliquer ce qu'ils disent ou fermer sa gueule !
Ce genre de phrases, quand elles sont prononcées, peuvent vous servir d'indicateur quand au manque d'empathie de la personne si vous êtes inquiet et qu'elle balaye votre angoisse comme une perte de temps.
On simplifie les problèmes, on trouve qui ou quoi peut servir de bouc-émissaire pour donner, ou plutôt pour se donner, l'impression de gérer !
Dans le cas des mensonges, votre consentement est forcé quand vous croyez légitimement ce que la personne vous dit.
A moins d'avoir des doutes, il n'y a pas de raison de remettre en cause ce qui vous est dit. Et il n'y a pas à s'en vouloir quand quelqu'un vous ment.
Vous n'êtes pas responsable des mensonges des autres, encore moins quand ils sont là pour obtenir de vous quelque chose sans votre consentement.
Pour les oeillères, il n'y a pas de consentement forcé à proprement dit.
C'est au final, un point de vu comme un autre, même s'il est biaisé.
Le consentement est forcé si, à partir de ce point de vu, il dénigre le votre, voir s'il va jusqu'a vous forcer à reconnaitre qu'il est le seul à avoir raison.
La peur du manque de contrôle du manipulateur est compensée par un très fort besoin de se rassurer.
Il se donne le beau rôle dans les situations qui peuvent être positive pour lui et minimise son implication quand ça peut être négatif pour lui.
Il gère son image, il donne un spectacle à regarder : lui-même !
Plus sa peur d'être pris en faute est forte, et plus il va s'armer d'oeillères et de techniques pour évacuer sa responsabilité, l'ignorer, la minimiser ou la reporter ailleurs.
Pour tenir face à quelqu'un qui veut prendre le contrôle de vos opinions, il faut résister et insister. Ce sont les 2 éléments à garder en tête.
Résister par de l'argumentaire clair que vous maitrisez.
Et pour maitriser votre argumentaire, il faut bien se connaître, savoir ce que l'on sait, ce que l'on ne sait pas, et ne pas hésiter clarifier pour vous même et pour les autres vos zone de compétences.
Et aussi, insister, mais uniquement pour faire valoir vos droit et le respect qui vous est dû.
Vouloir faire reconnaître que vous avez raison plus que l'autre peux signaler un fort besoin chez vous d'avoir raison, un fort besoin de contrôle.
Possiblement le même problème que celui que vous affrontez, en somme.
La personne peut être dans l'erreur, et vous pouvez avoir raison sur le fond, mais de la même façon que vous ne souhaitez pas que l'on vous soumettes, vous ne devez pas soumettre les autres.
Vous devez convaincre, c'est à dire les laisser venir à votre point de vu par eux même, et pas par l'intimidation, le mépris, et toutes ces techniques que vous refusez de subir.
D'ailleurs, dit comme ça, c'est presque logique si jamais on refusent votre point de vu.
Insister oui, mais avec une certaine éthique.
Quand vous sentez que la discussion commence à partir doucement en cacahuètes, dites-vous que se mettre d'accord pour dire que vous n'êtes pas d'accord pourrait sûrement être les maximum que vous aurez.
Un statut quo peut être une victoire. C'est une manière de montrer que selon vous, la relation se fait d'égal à égal ou ne se fait pas du tout. Et le respect du point de vu de l'autre en est la règle de base.
Pour moi, c'est toujours le début de quelque chose. On ne peux rien construire ensemble si on n'en passe pas par cette étape ou on montre que l'on comprend sans pour autant accepter, et que l'on souhaite être compris de la même manière.
Il y a des amitiés qui passent très vite cette étape pour aller tout de suite plus loin dans la connivence. Pour d'autre, c'est plus long.
Parfois, il faut poser les bases avec eux.
Mais il faut rester ferme, intransigeant, être sûr de son argumentaire et de ce qu'on souhaite obtenir et éviter dans cette relation.
C'est la base du contrat morale qui va vous lier à cette personne, et au moindre écart, il faut le rappeler. Particulièrement quand ça touche au besoin de contrôle.
Il ne faut pas avoir peur de quitter la relation si le besoin de contrôle à subir est trop fort selon vous.
Ça ne sert à rien de forcer, que ce soit l'entente entre vous ou le point de vu de l'un ou de l'autre.
Si vous êtes face à un manipulateur, il refusera de reconnaître qu'il est en tort car il ne sais pas gérer son propre sentiment de culpabilité.
Il le rejette systématiquement sur les autres, comme un enfant qui répond : « non, c'est pas moi, c'est toi !».
Il peut le faire inconsciemment, c'est à dire qu'il ne se rend pas compte qu'il est biaisé et que ses émotions conditionnent sa réflexion, mais il peut aussi être parfaitement lucide sur ce qu'il dit ou fait parce qu'il a des intentions qu'il n'affiche pas, qu'il suit une sorte de stratégie.
J'ai considéré que le besoin de contrôle était en fait le véritable point de bascule parmi toutes ces techniques que je vous présente, car il semble presque au milieu, à l'entre deux, entre les techniques qui ont plus de chance d'être produites spontanément, par reflexe, sans réel intention de nuire, et celles qui sont justement motivées par l'égo et la volonté de dominer l'autre.
Depuis le début, chaque technique peut être plus ou moins intentionnelle, mais a mesure que nous avançons, nous avançons aussi vers les techniques les plus retords et les plus vils, donc de moins en moins pulsionnelles et de plus en plus intentionnelles.
Nous avons donc quitté la liste des techniques que j'avais présenté comme « les Arguments » pour passer à une nouvelle liste de techniques que j'ai baptisé « la toxicité ».
Et en entrant dans cette catégorie, on entre aussi plus sérieusement dans ce que j'ai déjà appelé « la résistance à la manipulation ».
C'est justement pour résister à ces techniques de plus en plus nuisible que j'ai fait ce podcast.
Mais, on ne va pas se le cacher, les techniques de résistance ne sont pas nouvelles.
En fait, on les à déjà vu, pour la plupart.
Je reviendrais donc dessus quand ce sera nécessaire mais de façon plus adaptée selon l'épisode
Parce qu'on à encore pas mal de techniques à décortiquer et de besoins à analyser.
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