Ep 6 - Le Détournement d'Attention

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On a vu dans l'épisode précédent que l'esprit de contradiction pouvait avoir un fort pouvoir de nuisance.

Mais il existe une technique encore plus puissante en terme de nuisance.

Et cette technique, c'est... le fait d'avoir toujours un problème... dans le problème... qui lui même se trouvait à l'intérieur du problème de base... mais qui découlait surement d'un autre problème encore en amont...

Bon je vais m'arrêter là, d'autant que j'ai déjà dit ya quelques secondes le nom de l'épisode, donc y'a plus vraiment de surprise. J'en suis conscient.

Donc oui, le détournement d'attention comme sujet cette semaine, ou comment toujours trouver un échappatoire pour ne jamais reconnaître publiquement qu'on a tort.

C'est un genre d'effet « Poupées Russes » argumentatif, ou on peut toujours trouver un problème dans le problème, vous avez compris le principe.

J'ai emprunté l'expression que les magiciens utilisent eux-même pour parler de leur travail.

Et on risque d'utiliser d'autres termes issu de la magie, déjà le terme de Manipulation en est un, on parle aussi d'illusion, de détournement d'attention donc, on parle aussi d'effets, et on pourrait y ajouter le prestige, ce fameux prestige du manipulateur quand son effet à réussi.

Les magiciens, eux, ont la décence de reconnaître qu'ils utilisent des trucs !

Cet effet est caractéristique quand on prend le temps de déconstruire tout le narratif d'une personne qui veut prendre du contrôle sur vous.

Nous allons poser une situation classique :

Une discussion commence, la personne est perturbée par quelque chose, et vous discutez avec elle pour comprendre l'origine du malaise.

Quand vous approchez de cette origine, il y a soudain un autre problème dont elle vous fait part.

C'est un problème connexe au premier, et en discutant, la personne y colle encore des situations et des problèmes toujours connexe, mais plus du tout connexe au premier problème.

Et cet effet se répète.

A chaque fois qu'on a l'impression que l'on arrive au bout, qu'on à cerné de toutes part le coeur du malaise et qu'on va lui faire admettre que c'est juste cet élément le coeur de son mal, Il y a finalement une autre source au problème et qu'il faudra reprendre tout le travail de déconstruction.

Systématiquement, la vérité est ailleurs !

Si on prenait le temps de détricoter tout le maillage de ces problèmes imbriqués pour les poser sur des bouts de papier, on verrait que le cheminement des idées tourne sur lui même au bout d'un moment.

Il n'y a plus vraiment d'ordre logique des causes et des conséquences.

Pour eux, tout est cause de tout, et tout est conséquence de tout.

Et s'ils ont un fort besoin de justification, alors tout est justification de tout !

Souvent, ces raisonnements circulaires sont produits sans malice ou intention de casser les ... pieds.

Ils ont surtout pour but de les rassurer.

Tant que ça peut faire un peu de sens de lier 2 idées, qu'importe que ce soit justifié ou non, cohérent ou non, l'important c'est que ça fasse du sens.

Malheureusement, quand, nous, personne extérieur au raisonnement, on met le doigt dedans, on peut s'y retrouver comme absorbé.

Par contre, certain peuvent l'utiliser intentionnellement pour embrouiller et toujours avoir raison.

Pour perturber le spectateur que vous êtes de ce spectacle, un peu comme un effet de fascination...

Vous vous souvenez, cet effet des clés agitées devant les yeux d'un bébé ? Ça brille et ça fait du bruit, c'est joli !

Et bien au moment ou vous essayez de visualiser intérieurement cette logique qui se mord la queue ou qui se mord le ventre, à ce moment là, votre regard se fige, un instant, une micro seconde, les micros-expréssions de votre visage indiquent que vous avez pris trop de temps de cerveau pour évaluer cette idée.

Et c'est ce moment-là, ce moment de relâchement qu'ils vont saisir pour rafler toute l'attention de la pièce.

Ils vous devanceront dans vos arguments pour vous faire reconnaître que eux ont raison puisque vous n'avez pas réussi à leur donner tort.

Qu'importe que ce soit vrai, ou même vérifiable.

Le but est de faire bugger la personne en face pour lui voler son pouvoir de persuasion, avec des artifices.

Une autre particularité, c'est que la plupart de ces personnes sont souvent défaitistes.

Quand le problème de base touche à la santé ou l'amélioration de leur condition de vie dont ils se plaignent par exemple, TOUTES les solutions que vous pouvez leur suggérer seront balayées systématiquement d'un revers de la main par un nouveau problème, un nouveau lapin sorti d'un chapeau.

C'est une mécanique de complainte, et de prétexte pour continuer à se plaindre.

Ces personnes peuvent même faire beaucoup plus d'efforts pour contrer les solutions que pour réellement les essayer.

Encore une autre particularité, ils ont aussi tendance à se focaliser sur des problèmes qui ne font pas du tout partie de leur quotidien.

Comme s'ils avaient un fort besoin de se saturer la tête avec des problèmes et uniquement les problèmes, pas les solutions.

Si ce sont des problèmes mondiaux, donc lointains, ou impossible à résoudre, alors c'est l'éclate puisque c'est en dehors de leur champ d'action.

Il y aura toujours une véritable bonne raison de ne pas pouvoir agir, mais de pester quand même contre la bêtise du monde qui refuse de les écouter:

Parce que, si c'était moi, le problème serait réglé depuis longtemps, hein !

Un argument de comptoir de PMU, en quelque sorte !

Rester sur un raisonnement circulaire, ou se plaindre, ou se saturer la tête avec des problèmes étrangers et insolubles, tout ceci est en réalité lié à une certaine manière de voir la vie, de voir le monde.

Le détournement d'attention, au final n'est qu'un des outils, une des manifestations d'une peur plus profonde.

Ces personnes ont manifestement un très fort besoin de rester saturées en problèmes.

Nous l'avions déjà vu, le cerveau aime les problèmes à résoudre.

Il s'attaque à un problème et cherche une solution pour pouvoir déclencher un shoot de dopamine.

Mais eux ont manifestement une variation dans leur psyché qui les amène à chercher des problèmes qu'on ne peut pas résoudre, ou sinon, des prétextes pour rejeter les solutions.

Ils font des efforts intellectuels pour fuir les résolutions et entretenir les complications.

Il est possible que leur déclenchement du shoot de la récompense ne soit pas là où on le croit.

Comme tout ceci n'est que prétexte pour lancer et alimenter en continue une mécanique de la complainte, peut-être est-ce là que se trouve leur décharge de dopamine!

On voit clairement que la logique est inutile, car ce n'est pas vraiment vers la raison que ces personnes se rangent, mais plutôt vers l'émotion.

Leurs liste des problèmes ne fera toujours que s'allonger, leur raisonnement circulaire ne fait que s'agrandir et boucler sur lui-même plutôt que de se réduire.

Il sont constamment en réaction au monde, et jamais à organiser une mise en action concrète pour ne plus avoir à penser à ces problèmes.

ils font tout pour rester dans cet état, pour ne surtout pas en sortir.

Il faut dire qu'il y a un fort pouvoir addictif dans le fait de se plaindre.

Comme toujours, nous l'avons tous déjà fait, mais jusqu'au moment où il faut entrer en action, ce que eux ne font pas.

Ils restent dans l'illusion de l'action.

ils ont toujours des solutions irréalistes qui résoudraient tout.

Des solutions globales et uniques pour tout les problèmes.

Pour tous les balayer d'un revers de la main.

Mais bien sûr, personne ne veut le faire parce que ce sont des couilles molles...

« Le monde est nul » ou « la vie c'est de la merde » sera toujours plus ou moins le véritable argument final de leur pensée, et Il n'y a pas vraiment de consentement impliqué ici.

La manipulation ne peut fonctionner qu'en fonction de l'attention que vous leur donnez, votre temps de cerveau.

C'est donc votre détermination à rester et à vouloir continuer d'argumenter qui défini l'intensité du consentement que vous leur donnez.

La peur qui se cache derrière est une angoisse de l'impuissance, manifestement.

Même si ça parait contradictoire avec cet appétit pour les problèmes irrésolus qui semblent maintenir la personne dans un état d'échec permanent, détrompez-vous.

Cette peur de l'impuissance et de l'échec est contrecarrée justement par cette mécanique de complainte et de solution à l'emporte-pièce qui sont distribuées par grosses poignées pour conjurer leur frustration, et les rassurer.

Leurs complaintes les rassure !

Elles les maintiennent dans une illusion de surpuissance !

Et personne ne peux raisonner quelqu'un qui s'illusionne de sa surpuissance ! Il faut que ça vienne d'elle même.

En réalité, ils fuient une impuissance concrète de leur existence, et il ne peut y avoir qu'une confrontation réelle à cette impuissance concrète de la vraie vie pour peut-être les faire vaciller de leurs certitudes, mais rien n'est moins sûr.

Une forte angoisse d'être à nouveau confrontés à leur impuissance les pousserait à s'illusionner encore plus et à se rassurer en se plaignant, donc il y a de fortes chances que vos tentatives soient balayées d'un revers de la main.

Il n'y a pas vraiment de technique pour se prémunir de ça.

Il suffit de ne pas alimenter en attention ce spectacle de la complainte, car cette technique fonctionne uniquement grâce à votre attention et votre besoin de logique pour résoudre ce problème qui semble complexe.

Allez plutôt chercher votre shoot de dopamine ailleurs.

Personnellement, depuis que j'ai compris ça, quand je me rend compte que j'alimente leur besoin d'attention, ça me donne l'impression de les regarder se faire du bien en m'utilisant pour leur shoot de dopamine.

Ça fait un petit froid dans le dos.

Si vous voulez les aider, vous le pouvez, mais vous devrez prendre beaucoup de temps pour leur faire comprendre l'origine du souci, la frustration extrême qui est ancrée en eux, et les illusions de contrôle qu'ils utilisent pour se rassurer.

Parfois, on peut commencer par un jeu tout simple qui est, quand une solution prétexte est lancée à la cantonade, de demander :

Comment tu mets ça en place ?

Comme leurs solutions sont toujours irréalistes, il faut les ramener dans l'action et la faisabilité.

Vous faites comme si vous preniez des notes pour mettre cette solution en place.

Comme si c'était un véritable plan pour sauver le monde de ce problème, et que vous alliez l'aider à mettre en place une stratégie en plusieurs étapes.

Faites la liste des actions qui vont vous y mener de façon certaine.

Et entre la situation de départ, et la situation d'arrivée, il y aura pleins de problèmes qui vont apparaître, puis d'autres problèmes issus des précédents, et qu'il faudra qu'il résolve lui-même, absolument tous, afin que cette solution soit considérée comme parfaitement acceptable.

Il ne faut surtout pas se faire entraîner dans un autre détournement, il faut rester focus sur la solution que la personne a proposé jusqu'à ce qu'elle admette que sa solution n'est pas viable.

Mais, sait-on jamais, peut-être que la solution pour un monde meilleur sera trouvée comme ça !

Les personnes qui se cachent derrière ces techniques ne pensent pas à mal, forcément.

Mais la technique pour désamorcer ne peut fonctionner que si vous avez une bonne relation avec la personne.

Pour les situations ou vous avez besoin d'une réponses et que votre interlocuteur n'est pas en bonne relation avec vous, et qu'il ne fait que détourner l'attention en sortant systématiquement un nouveau lapin d'un nouveau chapeau, il existe aussi la technique dite du « perroquet » !

Elle consiste à poser en boucle la même question de base tant qu'une réponse correcte n'a pas été donnée, et parfois en recadrant avec un petit « tu n'a pas répondu à ma question » avant de répéter.

Mais il y a de forte chance que la personne s'énerve en plus de détourner l'attention, et qu'elle rajoute encore d'autre technique, comme des attaques personnelles ou des insultes.

Mais si on a besoin d'une réponse sincère, il faut tenir bon.

Vous ne pourrez pas guérir tout le monde.

De toute façon, on ne peut pas guérir les gens, on ne peut que les aider.

Et souvent, ça foire, parce que ça dépend plus d'eux que de nous.

Ça foire jusqu'a ce que ça réussisse, mais le ratio n'est jamais d'un seul échec pour une réussite.

Il y aura toujours beaucoup plus d'échecs.

On dit que l'échec est une leçon, mais seulement dans les cas ou on réussi.

Quand on a réussi, effectivement, les échecs n'ont été que les étapes d'un parcours ou il aura fallu apprendre quelque chose à chaque fois.

Mais quand on n'a pas réussi, c'est vrai que ces leçons ont un fort goût d'échec.

Vous ne pouvez aider que ponctuellement, localement, dans votre périmètre social, avec vos petits bras et votre temps de cerveau.

Il faut savoir savourer les petites victoires, les petits moments sur le plan de route ou il n'y a pas eu de problème mais une solution.

Et que ça vous a amené au point suivant du plan de route.

Ça n'existe pas, une solution globale qui fonctionne dans tout les cas et qui chasse toutes les difficultés d'un revers de la main.

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Julius F. Kali
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