Ep 5 - L'Esprit de Contradiction
Ecoutez l'épisode en cliquant ici
<<< Aller à l'épisode précédant Aller à l'épisode suivant >>>
Les jeux sont bons pour le moral, qu'ils soient en solo ou en groupe quand les règles du jeu sont claire pour tout le monde, car le jeu est un instinct naturel du cerveau.
Mais quand ils sont poussés à l'extrême et hors du contexte de l'amusement, ces challenges de l'esprit dans la vraie vie peuvent devenir des moyens de manipuler.
Les manipulateurs ont l'habitude de les pratiquer à l'insu de leurs victimes.
Dans la lignée de l'épisode précédent sur la justification, il y a l'esprit de contradiction qui peut transformer la moindre opposition de point de vue en véritable guerre de tranchée.
Et même pour des choses anodines, je dirais même SURTOUT pour des choses anodines comme aller faire les courses, faire le plein ou pour se garer, soudain, un certain climat de contradiction systématique se met en place, comme un réflexe de défiance !
Et bien c'est ça, l'esprit de contradiction.
Là ou la justification se cantonne à quelques occasions particulières dont on pourrait faire la liste et prendre soin de les éviter, l'esprit de contradiction lui est plus insidieux car il peut être permanent.
Chaque seconde peut être une occasion de relancer la machine à confrontation.
C'est comme un challenge à relever en permanence.
Une évolution plus adulte de la phase du « non » chez les enfants, donc une évolution à peine plus adulte.
On est, là encore, sur une variation de la mauvaise foi.
Et c'est une situation qu'il n'est pas possible de résoudre sauf avec beaucoup de patience, beaucoup de force mentale, et beaucoup de méthode (restez, on en parle un petit peu après).
Il est absolument inutile, voir contre-productif, de s'opposer bêtement à quelqu'un qui s'oppose à vous.
En le faisant, vous vous mettez à faire ce qu'il fait, donc vous l'autorisez tacitement à continuer de le faire.
Vous devenez aussi puéril que cette personne et vous ressemblez à ce que vous voulez éviter.
Et dans ces situations-là, c'est quand même mieux de ne pas se rajouter de contradictions sur le dos parce que c'est toujours plus de munitions pour lui à vous renvoyer dans la figure.
L'exemple type du cercle vicieux, et c'est le risque qu'on prend quand on veut avoir raison face à quelqu'un qui veut avoir raison.
Le choix de se mettre régulièrement en opposition à vous peut être un moyen de vous mettre à l'épreuve au quotidien afin de sentir vos faiblesse et en profiter pour gagner du contrôle et de la domination sur vous.
Mais il y a en quelques sorte 2 manières de le rencontrer, le niveau 1 qui est juste une sale habitude mais sans réel mauvaise intention, juste le besoin d'être contre tout.
D'être casse-couille, en fait !
C'est l'opposition systématique, la plus simple et la plus « bas du front » au final.
Elle ne relève que d'un comportement triste parce que cette personne a visiblement besoin d'attirer l'attention, mais plutôt que de le faire en faisant quelque chose de positif, elle pointe le négatif chez les autres pour se faire valoir et se hisser plus haut.
Plus intense, Il y a le second niveau. Il est beaucoup plus vicieux.
Utilisé habilement, il peut être un véritable outil de domination et de contrôle
Et là, on est dans une situation risquée, tant physiquement que mentalement.
Quand le niveau léger n'est qu'un petit challenge sans grandes conséquences sur le long terme, ce n'est en réalité qu'un entrainement comparé au niveau supérieur !
Ce niveau supérieur, c'est comme d'être jeté sur un ring de boxe pour le titre de champion du monde sans préparation, et surtout sans l'avoir demandé, vous n'êtes pas prêt, et vous ne le serez jamais !
Ce niveau 2 est une compétition permanente, et je suis très sérieux quand je parle de graves séquelles sur le morale ou le physique, donc prenez-le au sérieux aussi.
Je tient à préciser que cette terminologie de niveau 1 ou niveau 2, c'est juste pour être plus claire.
En réalité, il n'y a pas de questionnaire pour définir si on est plutôt 1 ou plutôt 2.
C'est juste une estimation pour différencier ce qui est anodin ou gerable de ce qui ne l'est plus.
Bien sûr, il y a une ribambelle de variations entre ces 2 extrêmes.
L'implication du consentement peut être difficile à comprendre, car on pourrait croire qu'en s'opposant, on refuse de se conformer à un ordre, donc on refuse de consentir au contradicteur.
Mais en réalité, le fait de se mettre en opposition est une forme de consentement.
En vous mettant en face à face, vous consentez à la confrontation.
En tout cas, c'est ce que votre opposant va voir et va retenir.
L'idée derrière l'argument ou le reproche, n'est pas que vous soyez d'accord, mais que vous soyez justement en désaccord, pour commencer le jeu.
Car arrivé à un certain niveau, c'est un jeu pour lui.
C'est juste qu'il ne vous a pas prévenu que c'en était un.
En faisant ça, le manipulateur garde le contrôle, maintient le jugement, et entretient un climat d'inconfort mental, ce qui peut amener très vite à ne plus savoir comment réagir et à paraître comme en hystérie aux yeux des autres.
La peur qui motive le besoin du manipulateur peut être une peur de l'échec, une peur d'être manipulé, ou une peur de l'impuissance, en tout cas, une peur liée a son idée du manque de contrôle.
Il y a aussi un fort besoin d'attention, mais vous l'avez compris, maintenant.
Plus il vous sollicite, plus il vous titille, et plus il a besoin de votre attention pour son jeu.
Le risque, c'est de rentrer dans une ronde de l'affrontement.
Si le besoin n'est que léger, il suffit de le comprendre pour déjà commencer à prendre du recul et réussir à s'en extraire doucement.
Souvent, le coeur du problème n'est pas son argument, mais son besoin d'argumenter.
Il faut l'amener sereinement sur cette faille en lui qui nourrit son besoin.
Pour le résoudre, il existe un outil psychologique qui s'appelle la Communication non violente.
C'est un outil très utile pour diagnostiquer les besoins de chacun et mettre en place des compromis pour mieux s'entendre.
C'est, je crois, un des outils qui m'a le plus aidé dans ma vie à me faire comprendre et à me faire respecter, déjà par les manipulateurs, mais aussi par tout le monde en réalité.
C'est un outil très efficace et très calme pour résoudre les conflits, MAIS... je peux aussi vous proposer autre chose d'assez proche :
Je le dis souvent, c'est toujours la fréquence d'utilisation d'une technique qui permet de distinguer le gérable du toxique dans une relation, et c'est toujours à vous d'en définir le seuil.
Mais il y a aussi l'intensité qui peut jouer, et pour pouvoir l'évaluer, j'ai imaginé une échelle pour jauger de la toxicité.
Elle se présente ainsi :
- Le premier barreau de l'échelle, c'est l'incompréhension, car les oppositions commencent très souvent par des incompréhensions.
On peut tous être à l'origine d'une incompréhension, et les incompréhensions peuvent se résoudre par des explications.
Non seulement, elles le peuvent, mais elles le doivent ! Car si les explications ne suffisent pas pour résoudre un conflit, c'est que vous n'êtes pas sur le premier barreau de l'échelle mais sur le second.
- Ce second barreau, c'est la maladresse.
Il se peut qu'une maladresse soit à l'origine du conflit, ou que l'incompréhension ait engendré de la maladresse.
Quelque chose qui a mal été fait, ou mal été dit, et qui vous à blessé, ou à blessé l'autre personne.
Quand il y a de la maladresse, il faudra passer par des excuses pour résoudre le conflit.
Il est possible que trop d'incompréhensions soient aussi blessantes qu'une maladresse, mais là aussi, des explications et des excuses doivent suffire pour résoudre le conflit, car si ce n'est pas le cas, vous êtes alors sur le 3ème barreau de l'échelle.
- Et ce 3ème barreau, qui est le dernier, c'est la malveillance.
Et là, je vais prendre du temps pour vous expliquer ce que j'entend par « malveillance »
J'utilise son sens le plus littérale, c'est à dire la contraction de « mal » et de « veiller » pour designer quelqu'un qui veille mal sur vous et votre bien être.
Cette malveillance n'est pas forcément consciente et intentionnelle, mais elle peut quand même blesser.
Parfois de l'ignorance peut en être à l'origine, ou le manque d'attention, d'ou la nécessité de résoudre le conflit par le dialogue et non par l'opposition simpliste.
La malveillance peut se gérer de différentes façons, en parti aussi avec la Communication Non Violente, mais selon moi, si on en est arrivé à ce barreau de l'échelle, je préconise de rompre la relation.
Si en analysant, vous vous rendez compte que vous rangez une relation sur le 3ème barreau de l'échelle, vous devez trouver le moyen de fuir car les explications et les excuses ne serviront plus à rien.
Elles ont même surement déjà été tentées, mais en vain, avouez-le.
Et à cet endroit de l'échelle, le problème n'est pas de savoir si vous êtes ou non en cause sur l'origine des conflits systématiques que vous subissez, parce qu'on sait tous que le rejet de la faute sur l'autre est un outil de manipulation, et on en parlera.
Non, le problème c'est de vous préserver le plus possible, et de récupérer du temps de cerveau.
Il est indispensable à votre bien-être.
Pour ce qui concerne les excuses, elles sont importantes dans une relation car elles peuvent permettre d'assainir les rapports.
Le problème, c'est quelles ne sont pas naturelle, ni instinctive.
Il faut parfois apprendre à s'excuser, tout comme il faut apprendre à recevoir des excuses, et donc à savoir jauger si les excuses sont sincères ou non.
Il peut aussi y avoir de la maladresse dans les excuses, et il faut savoir le voir pour briser la ronde du conflit, mais les excuses, ça pourrait être un sujet à part entière dans un épisode spécial, donc dites-le moi dans les commentaires si ça vous intéresse.
L'échelle que je vous ai présenté est en réalité ma version très très simplifiée de la communication non violente, une version de poche, en quelques sorte.
Je tiens à donner des précisions sur la CNV de peur que vous pensiez que connaître la version simplifié est suffisante.
Ne le croyez surtout pas ! Cette version simplifiée ne peut vous aider qu'a voir certains problèmes, mais elle n'aide en rien à les résoudre.
Ou, au mieux, à résoudre des petits problèmes sans grande gravité, alors que la CNV peut faire bien plus que ça.
C'est un outil terriblement efficace pour résoudre les conflits, rendre plus lisible les manipulateurs et mieux vous sortir de leurs jeux.
Et surtout, ce que j'adore avec cet outil, c'est que, passé le moment de déception ou on voit le jeu qui est en train de se jouer, d'un coup on comprend qu'on peut utiliser ce qu'on a appris.
Et les moments de conflits deviennent des moments d'entrainement à la résolution de conflit, et c'est une belle manière de répondre à l'esprit de contradiction.
Ça existe en bouquin, donc j'en fais la promotion ici parce que ça m'a beaucoup aidé, je le redis. Mais je ne touches rien dessus, dommage !
De toutes façon, ça existe aussi en vidéos gratuites sur Youtube, alors allez-y.
Mais jusqu'ici, je ne parlais que pour évaluer un niveau léger.
Pour le niveau le plus dur, j'avoue ne pas avoir de solution, à part la fuite.
Il y a toujours des nuances à apporter à tout ça.
Les personnes peuvent être plus ou moins de niveau 1 ou 2, je le répète, mais comme c'est vous qui allez jauger de ce niveau, c'est à vous de définir à quel moment vous pouvez rester et à quel moment vous devez partir.
Si votre relation est soumise à de la contradiction oppressante, il vaut peut-être mieux envisager plus qu'un podcast de développement personnel pour vous sortir de ça.
Je n'aurais qu'un seul vrai conseil, fuyez physiquement !
Ce climat au quotidien est une bombe à retardement pour votre santé mentale. Vous devez vous extraire de cette relation et la laisser derrière vous au plus vite.
La CNV dans ces cas-là ne fera que vous confirmer vos doutes, alors partez !
<<< Aller à l'épisode précédant Aller à l'épisode suivant >>>